Racism, 2024 néon 56 x 16 cm, écran, video Courtesy de l’artiste
Vidéo – 2´ en boucle Halida Boughriet/ADAGP, Paris 2024
Throughout the history of cinema, the representation of exoticism has undergone a significant evolution. Initially fueled by the fertile imagination of an audience steeped in colonialism, this representation has gradually integrated into the vast visual repertoire of the media landscape
Rêvoirs, Biennale d’art contemporain de Sélestat
23 septembre – 5 novembre 2023
Biennale de Sélestat, Grand Est
10 créations in situ pour l’espace public
Commissaire : Elise Girardot
Brochure : https://www.elisegirardot.com/_files/ugd/9a3cfd_5ed32d20584a4a49b1c57aea200dce60.pdf
https://www.zerodeux.fr/reviews/25e-biennale-dart-contemporain-de-selestat/
Avec Garance Alves, Camille Beauplan, Hugo Bel, Halida Boughriet, Estelle Chrétien, Markus Hansen, Shivay La Multiple, Pascal Lièvre, Clément Richem, Mathias Tujague
Halida Boughriet,
Pandore – Format 225 x 150cm
Les enfants de la République (Série Pandore), impression directe
encre UV sur dibond, 2014 © ADAGP Halida Boughriet, Courtesy de l’artiste
Diner des anonymes (Série Pandore), impression directe
encre UV sur dibond, 2014 © ADAGP Halida Boughriet, Courtesy de l’artiste
L’heure de la lecture (Série Pandore), impression directe
encre UV sur dibond, 2014 © ADAGP Halida Boughriet, Courtesy de l’artiste
Bichromie au regard trompeur(Série Pandore), impression directe
encre UV sur dibond, 2014 © ADAGP Halida Boughriet, Courtesy de l’artiste
Aujourd’hui, quels rêves les artistes nous transmettent-ils ? Dans un monde cahoté, quels sont les récits qui nous font rêver ? À Sélestat, les contes, légendes et narrations habitent la ville. Le promeneur déambule au cœur d’un mille-feuille temporel. Ici, le Moyen-âge ou la Renaissance, là, le temps de l’occupation allemande. Les façades ornées de motifs, bas-reliefs, fresques, sculptures animales ou humaines éclairent l’Histoire de Sélestat. Les dix artistes de la 25e Biennale d’art contemporain proposent des rêvoirs, comme des « dortoirs » dédiés non pas au sommeil mais au rêve. Rabelais, admirateur d’Erasme, en a fait usage dans le Tiers Livre. Les œuvres des artistes dialoguent, se répondent, créent parfois des paysages ou des personnages. Elles s’emparent des caractéristiques de la ville : son bâti, son patrimoine naturel ou immatériel. Chaque installation démontre comment les récits contemporains cherchent à se réinventer.
Les dessins, photographies, vidéos, œuvres textiles, sonores et en volume tracent un itinéraire onirique aux rebondissements multiples. Caustiques ou réalistes, les formes, les couleurs et les images nous invitent à un voyage fantasque. Plusieurs artistes conçoivent des créations in situ pour la Biennale (Garance Alves, Clément Richem, Shivay La Multiple, Camille Beauplan, Hugo Bel). D’autres font référence à la situation transfrontalière de Sélestat (Mathias Tujague, Markus Hansen, Pascal Lièvre). Ailleurs, Halida Boughriet met l’enfance à l’honneur et Estelle Chrétien rend hommage aux jardiniers de la ville. Par les moyens de l’art, les installations abordent les enjeux contemporains qui nous rassemblent et nous traversent : les identités plurielles, la mémoire subjective, les souvenirs, le passage du temps et la transmission. À l’entrée de la ville, près d’un monument, sur une place ou sur les murs, du haut d’une tour, au parc des Remparts, au château d’eau et au détour d’une rue, les artistes nous surprennent et nous invitent à découvrir leurs rêvoirs.
Halida Boughriet, 2014
Série Pandore
Les quatre photographies intitulées Bichromie au regard trompeur, Dîner des Anonymes, Les enfants de la République et L’heure de la lecture sont disséminées à travers le centre-ville. Initiée en 2014, Pandore rappelle les compositions sophistiquées des peintures flamandes. Les personnages d’Halida Boughriet s’inscrivent dans un décor nébuleux où le faux-semblant prédomine. Le titre de la série fait référence à la mythologie grecque : Pandore est la première femme, créée sur l’ordre de Zeus et envoyée sur Terre avec un mystérieux récipient. Dans un poème, Hésiode raconte comment la curiosité de Pandore la mène à ouvrir le récipient, libérant des malédictions physiques et émotionnelles sur l’humanité. Elle devient malgré elle l’instrument de la vengeance de Zeus. La traduction d’Erasme dans Les Adages transforme la jarre en boîte. Halida Boughriet ré-interpète le mythe et le transpose dans un contexte contemporain qui dialogue aujourd’hui avec Sélestat, bien côtoyée par l’humaniste Erasme. Les attitudes, regards et gestes des enfants transmettent l’espoir d’un changement. Certains nous fixent tranquillement alors que des indices nous éclairent : le Parisien titre « Abattu », en résonance peut-être à la désillusion du garçon qui le présente à nous. Ailleurs, on observe une reproduction de La Ronde de nuit de Rembrandt et sa milice de mousquetaires ou encore La Danse des Paysans, de Pieter Bruegel. Un ballon de foot ou de basket, des raquettes de ping-pong viennent perturber le décor bourgeois. Malgré le malaise, les enfants sont fiers et résignés. Les adultes discrets qui les accompagnent parfois semblent regarder hors-champ, vers un meilleur horizon. Les codes revisités de la peinture classique inscrivent ici les corps de la diaspora dans un champ de références communes, ouvertes à tous et dont chacun pourra désormais s’emparer
HALIDA BOUGHRIET, VIT À CHOISY-LE-ROI.
Au carrefour de préoccupations esthétiques, sociales et politiques, ses photographies s’efforcent de saisir les tensions contenues dans les relations humaines. L’artiste consacre ses recherches à la déconstruction des stéréotypes, dans une volonté de rendre visibles les subjectivités historiquement sous-représentées dans la culture visuelle. Son travail a récemment été présenté dans l’exposition Modernités arabes, collection du musée de l’Institut du monde arabe à Rabat.