EXPOSITION COLLECTIVE A L’ORÉE DU FOYER, JUSQU’AU 13 MARS 2022, VILLE DE GUYANCOURT
AVEC OUASSILA ARRAS, HALIDA BOUGHRIET, LAURA HABY, KUBRA KHADEMI, JEANNE SUSPLUGAS, MARIANNE VILLIÈRE. MISE EN LUMIÈRE : SERGE DAMON
COMMISSARIAT ÉLISE GIRARDOT
« Nous observons cette maison comme nous observons le ciel, le matin, à peine réveillés ; nous observons cette maison comme notre propre ciel. »
Emanuele Coccia, Philosophie de la maison, Éditions Payot & Rivages, Paris, 2021
À l’orée du foyer se concentre sur l’intérieur : l’intérieur profond et mystérieux de nos habitats et l’intimité qui s’y déploie.
Chacun conçoit son lieu de vie à son image en y projetant sa vision du monde, variable selon le pays et le continent habité. L’expositionaborde le chez-soi dans ses définitions multiples : un lieu à la fois matériel et immatériel, quotidien, solitaire, joyeux ou tragique, parfois collectif et sujet aux retrouvailles. À travers les œuvres de six artistes d’origines diverses, nous verrons comment l’espace domestique est l’expansion d’un espace mental, un espace-temps à soi.
Dans une forme d’immersion, les visiteurs arpentent des propositions artistiques qui suggèrent des sensations proches et familières. Suspendues ou disposées près du sol, les œuvres nous accueillent dans une atmosphère lumineuse enveloppante et tamisée, aux directions changeantes.
Plusieurs récits se côtoient, reliés par l’installation de Ouassila Arras qui recouvre d’une multitude de tapis orientaux le sol de la Salle d’exposition. Photos de famille est le fil conducteur du parcours. L’œuvre incarne un objet familier qui nous rassemble : le tapis. Comme un signe, une ponctuation universelle, nous le retrouvons plusieurs fois, parsemant les œuvres des artistes.
Au cœur de l’exposition, une grande maison, Flying House de Jeanne Susplugas, dévoile le poids des objets qui emplissent nos intérieurs. Puis, la présence s’anime ; The Birth Giving de l’artiste afghane Kubra Khademi souligne ce qui intervient parfois dans les espaces intimes : la naissance, les traditions et les interdits.
Ailleurs, le travail sonore de Marianne Villière, intitulé Réalités désirées, découle de ses rencontres avec de jeunes habitantes des Yvelines dans le cadre de sa résidence artistique à Guyancourt. Elle leur donne la parole et insère leurs voix dans l’exposition.
On observe aussi des mises en scène, comme avec la photographie d’Halida Boughriet Le bijoutier afghan qui dresse le portrait d’Ismaîl installé dans un décor chargé de réminiscences historiques.
Enfin, on décrypte des scènes collectives ouvrant sur un horizon. Muhabet, le diptyque vidéo de Laura Haby évoque une forme de conversation ritualisée ; depuis bientôt quatre ans, l’artiste voyage au nord de l’Albanie dans un village enclavé qui connaîtra bientôt les bouleversements de la construction d’une route.
Ces manifestations de l’intime révèlent un échantillon de nos relations aux objets et aux personnes qui nous entourent. Les œuvres nous invitent à appréhender le chez-soi comme un paysage, un paysage énigmatique, jamais banal qui dévoile les nuances de nos habitudes et de nos caractères.
Notre foyer est un réservoir narratif : il raconte nos singularités.
Élise Girardot, janvier 2022
Crédits photos : Laura Haby
« L’OEIL ET LA NUIT » GROUP SHOW DE 18 ARTISTES À L’Institut des cultures d’Islam
Du 19 septembre 2019 au 09 février 2020, l’Institut des Cultures d’Islam présente “L’œil et la nuit”, exposition curatée par Géraldine Bloch.
Constellation, 2011 ©halidaboughriet
Photographie -125X85X6CM
Caisson lumineux, Duratrans, néon, Plexiglas
« La constellation d’Halida Boughriet, telle un éclair, déchire la nuit. Le feu d’artifice répand ses tentacules rouges et supplante tout. L’artiste parvient, en une image, à fixer cette fulgurance et ces coulures. Les méandres s’impriment dans la rétine. Un flot d’images connexes jaillit : images de guerre, d’explosions. Le spectacle des giclures sanglantes et lumineuses a remplacé les astres et la magie. » Géraldine BLOCH
Les dix-huit artistes originaires d’Afrique, du Moyen-Orient et d’Europe interrogent notre perception du monde de la nuit, entre profane et sacré, réel et imaginaire.
Les oeuvres présentées invitent à une déambulation sensible dans l’obscurité en dessinant une géographie de nos nuits. La première partie de l’exposition aborde l’expérience de la nuit noire comme source de connaissance et de révélations. Les yeux tournés vers le ciel, merveilleux, poésie, mystique et sciences semblent ne faire qu’un. L’exposition propose ensuite de parcourir des nuits aux lueurs inquiétantes et mouvantes. Dans des clair-obscurs revisités les corps se dérobent, leurs histoires aussi. Entre refuge et barrière, la nuit demeure le lieu d’une solitude et d’une adversité. Enfin, l’exposition s’achève sur les nuits artificielles, entre éclipses et illusions. Bercées par le rêve et la réminiscence, ces nuits inventées par les artistes sont à la fois déroutantes et familières.
Exposition avec les œuvres de Armen AGOP, Renaud AUGUSTE-DORMEUIL, Mustapha AZEROUAL, Fayçal BAGHRICHE, Halida BOUGHRIET, Walid EL MASRI, Laura EL-TANTAWY, Shirazeh HOUSHIARY, Yazan KHALILI, MEEN ONE, Timo NASSERI, Saad QURESHI, Stéphanie SAADÉ, Mouna SABONI, Anri SALA, Mourad SALEM, Vladimir SKODA, Irem SOZEN
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Commissariat et programmation : Géraldine BLOCH